30 DÉCEMBRE 1863
BATAILLE DE NGOL NGOL LE DAMEL LAT DIOR INFLIGEA LA PLUS CINGLANTE DÉFAITE DES TROUPES FRANÇAISES LORS DE TOUTE LA CONQUÊTE COLONIALE EN AFRIQUE DE L’OUEST
M. Lorans était parti de Nguiguis le 23 décembre 1863 vers deux heures du matin , ne laissant au poste que quelques hommes sous les ordres de Plantier, le lieutenant de la compagnie de tirailleurs ; il ne connaissait pas encore bien le pays et il s’aventurait en guerre un peu à l’aveuglette, sur des renseignements fournis par Samba- Maram-Khaye Diop , le chef qui avait fait sa soumission à M. Laprade, le 11 décembre, à Khaoulou ;
il était donc accompagné de l’armée alliée, avec Madiodio et Samba-Maram-Khaye.
Il se savait néanmoins dans le voisinage de l’ennemi, qu’il espérait surprendre, et avait formellement défendu d’allumer aucuns feux pendant la route.
A cinq heures du matin, la colonne fit halte aux environs de Ngolgol.
Aussitôt les gens de Samba-Maram-Khaye allumèrent un grand feu, qu’ils éteignirent sur l’ordre de M. Lorans, mais qu’ils rallumèrent presque aussitôt.
C’était évidemment un signal pour les gens de Lat-Dior qui se trouvaient dans le village.
La colonne se remit en route peu après, prête au combat sur les ordres de son chef, qui venait de comprendre qu’il était trahi par ses alliés, qui l’abandonnèrent dès ce moment et se joignirent à l’ennemi.
Malheureusement, la nuit était assez sombre, et on arriva sans s’en douter sur le village de Ngolgol, qui s’était fait silencieux.
La compagnie de M. Chevrel était en tirailleurs, ayant l’obusier à sa gauche ; les spahis formaient la réserve.
La colonne fut aussitôt assaillie de toutes parts, et, par suite de leur disposition, les hommes furent isolés les uns des autres presque dès le premier moment.
L’obusier, arrivé devant un entonnoir qui formait l’entrée du village, ne tira qu’un coup qui porta à dix mètres en avant et à trois mètres de hauteur dans le tronc d’un baobab.
L’adjudant Guichard et les sept canonniers sous ses ordres furent hachés sur leur pièce
Les tirailleurs furent tués, et quelques-uns réussirent à s’esquiver en jetant leur fusil et leurs vêtements.
Parmi les tués, se trouvait le pauvre sergent Vincent, qui avait été mon compagnon à Matam, et le grand Syra-Ira, celui qui buvait si bien mon vermout.
Le capitaine Chevrel fut massacré sur son cheval à coups de lance.
En vain le peloton de spahis tenta une charge pour dégager une partie des tirailleurs.
Saint-Victor, le sous-lieutenant, fut tué avec quatre de ses hommes, et les survivants durent s’ouvrir un chemin sanglant pour rentrer à Nguiguis, poursuivis sur toute la route par une nuée d’ennemis.
Le maréchal des logis Bancal reçut une balle dans la gorge.
M. Lorans, blessé et ayant eu son cheval tué sous lui, fut pris en croupe par un spahis qui fut tué, puis par un autre, et reçut enfin un coup de feu qui le fit tomber raide mort.
Aimé, le commis de marine, qui avait tenu à suivre en amateur, fut tué dès le premier moment
Seuls, Berger, le médecin, et Gottsmann, réussirent à s’échapper sains et saufs de cette affreuse mêlée où ils ne pouvaient absolument rien, séparés dès le début de leurs hommes.
Somme toute, il ne rentra à Nguiguis que 20 spahis,
dont 8 blessés,
l’officier,
le docteur et
6 tirailleurs.
Une vingtaine de tirailleurs revinrent par la suite.
Les gens de la suite personnelle de Madiodio avaient aussi fait des pertes sensibles.
Extrait de l’ouvrage de l’officier Français Théophile GRIMAL « Trois ans au Sénégal »