Cheikh Omar Thiam, la lanterne du Sine

Voici la vie de Cheikh Omar Thiam telle qu’elle nous a été racontée par son fils Mouhammad al Moustapha Thiam (Imam Abdoul mouhaymine) :
Il est né au début du 14e siècle H, en 1304, de deux illustres parents : Ahmad ibn Hamad et Ramata bint Koura Binta bint Hamad.

Son père était un grand érudit qui maîtrisait le Saint Coran et avait une profonde connaissance de la charia, comme il avait des qualités morales hors du commun, ce qui lui valut d’être choisi et désigné comme cadi par ses contemporains. Il quitta ce bas monde quand Cheikh Omar avait l’âge de 21 ans. Cheikh Omar, malgré son jeune âge, jouissait, grâce à son savoir, son intelligence et son ascétisme, d’un grand respect et d’une grande estime de la part de ses contemporains qui avaient pour lui la même considération que pour son père et voyaient en lui déjà le digne héritier de son illustre père.

Mais le cheikh avait d’autres ambitions plus nobles et plus exaltantes que d’être nommé cadi. Donc, il déclina cette offre et poursuivit ses efforts dans l’acquisition du savoir et la recherche de la Vérité, en s’intéressant passionnément aux œuvres et à la vie spirituelle des Hommes de Dieu. Ainsi, il fit ses paquets, malgré les appels et les demandes pressants des populations de Mboumba qui auraient souhaité qu’il restât à leurs côtés, pour aller à la rencontre du Saint homme de Nimsaat, le connaisseur de Dieu Cheikh Sa’dbu Abih. Le Saint homme l’accueillit avec beaucoup d’égards. Il resta à l’ombre de ce dernier le temps qu’il fallait pour obtenir enfin ce qu’il était venu chercher. Il l’éleva au grade de Muqaddam avec la compétence de transmettre aussi bien la Tariqa Tijaniya que celle Qadriya, d’où son titre de cheikh.

De retour à Mboumba, il fut accueilli, naturellement, avec une grande joie ! Alors, il se mit à recevoir les fidèles et à donner les deux Tariqa à ceux qui le demandaient. Mais très vite, il se rendit vite compte que la Tariqa Tijaniya n’accepte point d’être associée à une quelconque autre Tariqa, il se retrouva dans une crise d’incertitude et d’indécision. Et voilà que, à la croisée des chemins, il recourut à la prière pour demander à son seigneur d’illuminer son chemin et de lui montrer son guide spirituel qui devrait le sauver définitivement de cette situation de doute et d’incertitude.
Alors, dans un rêve, il vit la demeure du Maître Seydi Hadji Malick Sy. La nuit suivante, Il répéta la même prière et vit la même chose !

Alors, il fit ses bagages pour la 2eme fois et prit le chemin de l’ouest à la recherche du domicile du Maître Seydi Hadji Malick Sy. N’ayant ni voiture ni charrette à l’époque, il brava le temps et la distance en traversant plusieurs contrées avant d’arriver au Cayor. Il arriva enfin à Tivaouane et reconnut facilement la demeure du Maître Seydi Hadji Malick Sy telle qu’il l’avait vue dans le rêve. Mais malheureusement pour lui, le Saint homme était absent des lieux; il était à Dakar.

Cheikh Omar Thiam ne put résister à l’envie et à l’impatience de le rencontrer.
Il décida alors de le rejoindre à Dakar. Une fois à Dakar il demanda une audience avec le Maître. Mais l’entourage de ce dernier s’y opposa au prétexte qu’il était beaucoup trop occupé à réciter ses prières et à s’entretenir avec des Ulémas et notables religieux qui étaient venus « S’approvisionner »spirituellement. Il rédigea alors une note qu’il pût faire parvenir au Maître. À la lecture de cette note le Maître Seydi Hadji Malick Sy fût très impressionné par le niveau spirituel de Cheikh Omar Thiam et demanda qu’on fasse entrer son auteur.
A l’issue de son entretien avec le Maître Seydi Hadji Malick, ce dernier lui donna tout ce qu’il était venu chercher avant même qu’il ne demanda quoi que ce soit !
Il le « nomma » Muqaddam, lui donna l’ijaza (certification), c’est-à-dire l’autorisation de
donner le wird et de nommer des Muqaddam dans la Tariqa Tijaniya, et formula des prières pour lui. Cheikh Omar Thiam souhaitait rester avec le Maître Seydi Hadji Malick Sy, mais ce dernier préféra l’investir d’une mission plus noble. Ainsi, il lui demanda d’aller s’établir au Sine où les populations vivaient encore dans les ténèbres de l’ignorance et du paganisme; il se pourrait qu’Allah les tira des ténèbres à la lumière par son action et qu’il guida par lui ceux qu’il voulait guider parmi eux. Cheikh Omar accepta la proposition de son guide, et celui-ci pria pour lui et lui recommanda de s’évertuer à respecter les préceptes d’Allah et la Sunna du prophète (PSL) et de s’accrocher à la Tariqa Tijaniya toute sa vie. Il lui dit finalement au moment de se quitter :« je serai avec toi où que tu sois; je ne te quitterai jamais.» Ainsi, le cheikh se mit en route pour le Sine. Il séjourna dans quelques Villages avant de se fixer à Bicol. Sa première action fût la construction de la mosquée qu’il entreprit le dimanche 10 Sa’ban 1344 H, avant d’engager la construction de sa maison.
Et voilà qu’il commença sa mission de propagation de l’islam, en enseignant le Saint coran à ses disciples et en les éduquant dans l’islam, tout en assurant une éducation spirituelle par les prières de la Tariqa Tijaniya qu’il transmettait à ceux qui le demandaient. Les fidèles affluèrent chez lui. Il utilisa la méthode de la sagesse et de la bonne parole pour combattre le paganisme, et beaucoup d’habitants de la contrée se convertirent à l’islam entre ses mains par la grâce de Dieu.

Enfin, après une quarantaine d’années dans l’enseignement de l’islam et la prédication, vint le moment de s’en aller, mission accomplie ! Il quitta ce bas monde le mercredi 9 Dulhijja 1383 H (1964) à 8h du matin à son domicile à l’âge de 79 ans, en présence de tous ses enfants! Il fût inhumé le même jour dans la mi-journée à une distance d’un mètre de la
mosquée ! Que le bon Dieu lui accorde sa miséricorde et le fasse habiter avec son bien-aimé le prophète (PSL)!

Il était, que Dieu soit satisfait de lui, un grand érudit, connaisseur de Dieu, qui maîtrisait la science de la charia. Il était pieux, détourné des délices de ce monde, généreux, bienveillant pour les proches et pour les lointains, très attentif à ses voisins, respectait le droit de chacun et ne faisait point la différence entre l’étranger et l’autochtone. Il avait beaucoup de compassion et de pitié pour les enfants, les vieilles personnes, les faibles
et les pauvres. Il éduquait ses enfants à l’obéissance à Dieu et à son prophète et les exhortait à la lecture du saint coran, et ne leur avait d’ailleurs jamais rien demandé que l’apprentissage et la lecture du coran. Il a eu à composer un vers pour implorer Dieu en lui demandant de lui donner des enfants mâles pieux et vertueux qui pourraient le rendre heureux, et juste le minimum nécessaire en argent. Il est évident que Dieu a exhaussé cette imploration ! Et à chaque fois qu’un de ses enfants naissait il lui réservait un exemplaire du saint coran et y inscrivait son nom !
C’est le lieu ici pour moi d’emprunter un vers d’un poète qui, étant très
satisfait de l’éducation qu’il avait reçue de son père dit : « Ah, si je pouvais savoir! Quand je serai père, serai-je pour mes enfants ce qu’a été mon père pour moi ?! ».

Par Alphahim Mayoro

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