Cheikh Tidiane Sy prend la défense de son fils

Cheikh Tidiane Sy, ancien ministre de la Justice, est sorti, hier, de sa torpeur, après quatre mois d’emprisonnement de son fils, à Rebeuss, pour complicité de détournement de deniers publics portant sur 10 915 353 459 de F Cfa, corruption passive portant sur la somme de 10 milliards de F Cfa et association de malfaiteurs, blanchiment en bande organisée. Face à la presse, l’ancien Garde des sceaux a accusé nommément l’ex-Procureur de la République, Ousmane Diagne, et le ministre de la Promotion de la Bonne gouvernance, Abdou Latif Coulibaly, d’être derrière l’incarcération de l’ancien Conseiller spécial du Président   Wade. Dénonçant une justice à deux vitesses, le libéral exige un mandat d’arrêt international contre Kéba Keïnde, mis en cause, dans l’affaire Sudatel.

Dénonciation d’un «complot» contre Thierno Ousmane Sy

«Thierno Ousmane Sy est victime de l’acharnement de deux personnes : l’ancien procureur de la République Ousmane    Diagne et Abdou Latif Coulibaly, actuel ministre de la Bonne gouvernance (…) Qu’il est victime d’une campagne de désinformation et de diabolisation entretenue par une certaine  presse aux ordres ? Que ce citoyen, ayant contribué de    manière significative au développement de notre pays mérite sans doute plus de considération de la part de la République que vous incarnez ? »

«Violation des droits de la défense»

«Monsieur le président de la République, afin qu’il ne me soit pas reproché une quelconque approximation, ni par vos services, ni par la Maison Blanche, ni par le Congrès américain ni par les organisations de droits de l’homme, je vous livre la liste des différentes violations dont a été victime Thierno Ousmane Sy. Lesquelles violations auraient eu pour conséquence un classement du dossier dans tout Etat de droit qui se respecte. Monsieur le Président, saviez vous que sous mon magistère, l’ancien procureur de la République, M. Ousmane Diagne, informé de mon intention de le faire remplacer, s’était lancé dans un combat féroce contre ma personne, parfois même au détriment de la bonne marche de la Justice. Comme il l’a lui-même déclaré, il a usé et abusé de son droit de dire non, oubliant de préciser que c’était parfois au détriment du droit. Ayant échoué dans son entreprise contre ma personne, il usa de son pouvoir pour accabler mon fils Thierno Ousmane Sy. La vacuité du dossier d’accusation «concocté» par ses soins contre Thierno Ousmane Sy a entraîné un certain nombre de dérives, notamment de flagrantes violations des droits de l’homme :

1. En premier lieu, son droit de ne pas participer à sa propre incrimination et de garder le silence, a été violé puisqu’il a été entendu et interrogé plusieurs fois sans pouvoir bénéficier de l’assistance de son Avocat.

2. Le droit à un procès dans des délais raisonnables : conformément aux conventions internationales signées par le Sénégal, notamment    le Pacte international sur les droits civils et politiques ainsi que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, Thierno Ousmane Sy a droit à ce que sa cause soit entendue dans un délai raisonnable. Depuis le 27 février 2013, date de son emprisonnement par le juge d’instruction, celui-ci ne l’a pas encore convoqué pour l’entendre et répondre à l’accusation.

S’il faut attendre le retour des commissions rogatoires annoncées dans la presse, Thierno Ousmane Sy ne sera pas entendu avant 2 ans.

3. L’immunité de juridiction prévue par    l’article  101    de    la Constitution de la République du Sénégal a été violée. En effet, Thierno Ousmane Sy, Conseiller Spécial du Chef de l’Etat de l’époque, a toujours agi sur les instructions de ce dernier.

Selon à l’article 101 de la Constitution, le Président de la République jouit d’une immunité de juridiction».

L’ancien Garde des sceaux  blanchit son fils

«Dans le cadre de l’attribution de la troisième licence de téléphonie mobile ainsi que pour tous  les actes accomplis en sa qualité de Conseiller spécial,   Thierno Ousmane Sy a toujours agi au nom et   pour le compte du Président de la République. Il   n’était qu’un collaborateur du Président de la   République et son mandataire. Monsieur le Président, saviez vous que : Latif Coulibaly, anciennement journaliste, avait accusé Thierno Ousmane Sy d’avoir reçu de Sudatel des commissions   d’un montant de 20 millions de dollars US (…) Que        la présence de Latif Coulibaly au Gouvernement        pose le problème de la fiabilité de ce même gouvernement en matière de pratiques déloyales, car         Latif Coulibaly est pour le moins un homme déjà condamné par une juridiction sénégalaise»

Le cas Kéba Keïnde

«M. Kéba Keïnde, personnage clé n’a jamais, je   dis bien jamais, été ni convoqué ni entendu, encore   moins recherché. Il a été question dans une certaine presse d’un soi-disant mandat d’arrêt international, je vous informe qu’il n’en est absolument        rien. En parcourant la liste des Sénégalais         recherchés par Interpol, chacun pourra constater   que le nom de Kéba Keïnde n’y figure pas.  Kéba Keïnde, narguant la justice, a lui-même déclaré   dans la presse qu’il n’était pas au courant d’un     mandat lancé contre lui. Pendant que Kéba   Keïnde vaque tranquillement à ces occupations Thierno Ousmane Sy est pris en  otage. Pour une administration équitable   de la  justice, Kéba Keïnde doit être entendu et doit répondre à la question suivante : avez-vous oui ou non reçu 10 millions Usd de Sudatel dans le cadre   de  l’attribution de la troisième licence du   Sénégal ? (…) Nous sommes manifestement confrontés à une justice sélective.

Monsieur le Président, si vous n’êtes pas de ceux qui protègent Kéba Keïnde,   alors demandez, pour une bonne administration de la justice, qu’un mandat   d’arrêt international soit lancé contre l’intéressé»

«Justice à deux vitesses»

«Sous un autre registre, celui des ‘arrangements’, dois-je faire référence au cas de Baïla Wane, dont la plainte contre Latif Coulibaly, a abouti avant les élections présidentielles, à l’inculpation de ce dernier, mais dont on sait aussi qu’il est un «chouchou» du Président ? Ou encore celui de     Moustapha Yacine Guèye qui aurait dû être arrêté   en même temps que Ndongo Diaw ! Tout cela pour dire que l’affaire Thierno Ousmane Sy n’est qu’une vaste machination ourdie par des esprits revanchards, une tentative d’avilissement d’un haut cadre   sénégalais qui a servi son pays avec des résultats probants, mais dont les principales «fautes» sont d’avoir entretenu une proximité affirmée Wade, d’une part, et de porter le nom   de famille Sy d’autre part… Il est victime de la politique des nouvelles autorités qui, sous le prétexte d’une bonne gouvernance, ont fait de la justice une arme politique. Thierno Ousmane Sy est un détenu politique, et sa détention est manifestement arbitraire ».

Relations heurtées avec l’ex-Procureur de la République

«Le Procureur Ousmane Diagne s’est acharné sur mon fils parce qu’il a eu des démêlées avec moi. C’est ça la réalité (…) Il a exercé son droit de déplaire quelquefois en violation du droit (…) C’est moi qui l’avais proposé pour le poste de procureur de Dakar au Conseil supérieur de la magistrature. Il avait ma confiance. Quand je quittais le ministère de la Justice en 2008 pour le ministère de l’Intérieur, j’avais proposé son départ, déjà. Quand je suis revenu en 2010, il était encore là. Je n’ai pas cessé de demander son départ du parquet de Dakar. Je ne m’en cache pas. La haute autorité ayant jugé différemment, j’ai utilisé les moyens légaux pour continuer mon travail avec le parquet général en m’adressant au procureur général  sur des dossiers soumis à mon attention (…) J’avais demandé son départ parce qu’il n’avait plus ma confiance dans la façon de traiter les dossiers.  Lui, il sait, moi je sais. L’ultime décision appartenait au président du Conseil supérieur de la magistrature qui a pensé différemment (…) Dans notre organisation judiciaire, les procureurs de la République dépendent du ministre de la Justice. Ils doivent rendre compte. Je ne dis pas qu’ils doivent exécuter, mais doivent rendre compte. C’est là à mon avis, il y a eu problème. J’apprenais quelque fois de l’existence de certaines affaires en même temps que vous. Alors que le parquet son rôle premier, c’est de rendre compte (…) Il a concocté un acte d’accusation qui est bâti essentiellement autour de l’accusation formulée par  Latif Coulibaly. C’est ça. C’est essentiellement ça. Dans l’acte d’accusation, il n’y a aucune preuve tangible sinon ce que Latif Coulibaly a écrit et que nous connaissons ».

Menaces de déballages  

«Quand on a été ministre pendant 10 ans et que pendant ces 10 ans, on a occupé pendant 6 ans le poste de ministre de l’Intérieur, 2 ans aux côtés du président de la République, on sait beaucoup de choses (…) Qu’on ne nous oblige pas à manger de ce pays. C’est-à-dire faire des révélations ou des déballages. Qu’on ne nous oblige pas à le faire. Mais toute chose a des limites. Qu’on ne nous provoque surtout pas. Qu’on ne nous poursuive pas jusque dans nos derniers retranchements. Nous rendrons coup pour coup s’il fallait le faire à ce moment là (…) Je pense que le moment venu de porter cette affaire partout où elle doit portée».

 

seneplus

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