Déclaration de politique générale de Idrissa SECK
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Le Peuple, souverain dans ses décisions, vous a assigné la mission d’être le médium honoré par lequel je lui présente humblement, aujourd’hui, ma feuille de route devant conduire à la prise en charge efficace de ses attentes, donnant ainsi corps à la Politique de la Nation définie par le Président de la République. Soyez en félicités et remerciés. Mes félicitations et remerciements s’adressent également à ceux qui m’ont précédé dans cette fonction.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Notre Constitution, dès son article premier, invite le Peuple à marcher vers son But, et avec Foi.
La formidable aventure de la marche bleue donne de cet enseignement une manifestation parfaite, en style et en sens ; Avec 1’aide de Dieu, et sous la direction de celui qui, tour à tour objet de critique et sujet de fascination, épreuve après épreuve, échec après échec, jalon après jalon, a attendu, avec endurance, sans jamais perdre l’enthousiasme, l’avènement du changement le 19 mars 2000.
Me voici à nouveau, près de lui, en cette position de confiance et d’autorité, chargé d’une nouvelle mission: celle d’organiser et de conduire la marche du Sénégal vers le développement économique, social et culturel.
Je convoite de Dieu une victoire éclatante dans cette nouvelle mission, à l’image de celle dont il m’a gratifié lors de la première.
Cette marche renouvelée, chers compatriotes, n’est pas chimérique. Nous en avons déjà eu un aperçu avant que ne surviennent les récentes épreuves.
Les premiers moments de l’Alternance ont fourni des joies extraordinaires issues de performances inédites dont un livre blanc rendra amplement compte bientôt.
Souvenons-nous de nos records de pluviométrie, de productions et de revenus agricoles;
Souvenons-nous de l’augmentation des salaires, de l’âge de la retraité, du doublement de 1’avance Tabaski, de la réintégration de certains travailleurs ;
Souvenons-nous de la généralisation des bourses ou de 1’aide aux étudiants
Souvenons-nous du triomphe de nos Lions…. Toutes choses, et bien d’autres, qui ont concouru à 1’un des plus précieux bienfaits reçus de 1’alten1ance: la restauration de la fierté nationale, ici comme dans la diaspora.
Puis: Froid du Nord, déficit pluviométrique, et Naufrage du Joola.
Cette dernière épreuve nous a le plus profondément marqués.
J’ai assisté au concert des enfants de l’école franco-sénégalaise Dial Diop, le quinze décembre dernier. Ils ont chanté leur douleur en ces termes .
«C’était un bateau blanc.
Qui naviguait dans le vent.
Il s’appelait le Joola.
Aujourd’hui, il n’est plus là.
Il y’avait nos parents.
Il y avait nos enfants.
Il y avait nos amis.
La mer nous les a pris.
Quand le bateau a coulé,
Tout le monde a pleuré.
Il y a eu trop de morts.
Il faudra être fort.
Oui chers compatriotes, il faudra être fort.
Fort, pour vivre notre douleur dans la dignité,
Fort, pour mener sans complaisance notre introspection,
Fort, pour sanctionner les fautes commises.
Je m’incline à nouveau devant la mémoire des victimes du« Joola » et redis ma profonde compassion à leurs familles.
Sachant parfaitement que leur douleur ne peut pas être réparée par des moyens financiers, le Gouvernement tout entier s’est néanmoins mobilisé pour que soit établie la liste exhaustive des victimes et que soient identifiés les héritiers des disparus par l’établissement de jugements d’hérédité, afin que leur soit remis ce que la loi leur octroie en matière d’indemnisation, au-delà des actes de solidarité de tous les instants. La nature et la complexité de la tâche nous impose vigilance et rigueur afin qu’aucune injustice ne vienne alourdir la charge émotionnelle de cette douloureuse tragédie collective.