Le royaume du Sine (aussi : Sin ou Siin en langue sérère) est un ancien royaume pré-colonial le long de la rive nord du delta du Saloum dans l’actuel Sénégal. Une grande partie de la population du royaume était et est toujours sérère. Le terme Bour Sine a toujours été utilisé officiellement pour désigner les rois sérères du Sine. Déjà lors de son séjour au Sénégal en 1447 l’explorateur portugais Alvise Ca Da Mosto désignait les populations du Sine par le mot barbacini qu’on peut rapprocher de Bour Sine. Même sur les pierres tombales des derniers roi du Sine, il a été gravé Bour Sine. Depuis ces dernières années, avec le mouvement de la renaissance de la culture sérère, certains préfèrent utiliser le terme sérère Mad a Sinig pour se référer aux rois sérères. Le mot Bour et ses dérivés tels que Buur est le mot wolof pour roi.
Histoire
Selon la tradition orale, le Royaume du Sine apparaît avant 1400. Maysa Wali Jaxateh Manneh avait fui le Kaabu avec sa famille après la Bataille de Troubang vers 1335 et obtint l’asile auprès de la noblesse Sérères du Sine. Il était membre de la dynastie maternelle des Guelwar du Kaabu, famille vaincue par la dynastie maternelle concurrente des Nyanthio lors de la bataille de Troubang. Les Guelwar se seraient alors fondus au sein des Sérères par mariage. Maysa Wali, assimilés au sein de la culture Sérère, a servi comme conseiller juridique auprès de la noblesse Sérères du Sine composant « Le Grand Conseil des Lamanes ». Il a ensuite été élu et couronné dans les règles par la noblesse et le peuple7. Près d’une décennie après son couronnement, il a participé à la fondation de l’empire du Djolof, en soutenant Ndiadiane Ndiaye. Il fut le premier roi de Sénégambie à volontairement donner son allégeance à Ndiadiane Ndiaye, faisant du Sine, un vassal de l’empire du Djolof.
Vers le début de 1550, les Royaumes du Sine et du Saloum ont renversé le joug du Jolof et deviennent des royaumes indépendants. Les rois du Sine ainsi que du Djolof ont continué à suivre les Religions traditionnelles africaines. Le 18 juillet 1867, le marabout musulman Maba Diakhou Bâ a été tué à la Bataille de Fandane-Thiouthioune par le roi du Sine Coumba Ndoffène Famak Diouf alors qu’il tentait de prendre le contrôle du Sine et d’en faire une terre musulmane. Les rois du Sine ont conservé leurs titres et une reconnaissance officielle pendant la période coloniale et jusqu’en 1969 avec la mort de Mahecor Diouf, le dernier roi du Sine, qui a régné de 1924 à 1969.
Les explorateurs Portugais du xve siècle nommaient le Sine « royaume de Barbaçim », ses habitants étant nommés Barbacins, un terme fréquemment généralisé par les premiers auteurs à l’ensemble des Sérères, d’autres contestant ce fait et faisant des Serreos et Barbacins des peuples distincts. Les anciennes cartes européennes recourent fréquemment, pour désigner le fleuve Saloum, à l’expression la « rivière des Barbacins / Barbecins ».
Il est maintenant reconnu que les termes Serreos (Sereri) et Barbacini ont été effectivement, une corruption de l’expression wolofe Buur ba Sine, signifiant « roi du Sine », par Alvise Cadamosto – le navigateur du xve siècle15. Alvise faisait une nette distinction entre les Sereri et les Barbacini ( qui sont les sereres du Sine et du Saloum ), Ce que Ca Da Mosto appelait Sereri est un groupe hétérogène qui se divise lui-même en trois populations bien distnctes sur le plan linguistique.
Les Ndut entre la » falaise » de Thies et le lac Tanma, soit une région de collines (tangor) en Ndut.
Les Noon (nones) qui peuplent la région qui s’étend autour de Thies et le Nord du Jobaas.
Les Saafen qui peuplent un petit massif de collines en bordure de l’océan autour de Njas.
Les Barbacini designaient les sereres du Sine.
Le royaume du Sine, ancien vassal de l’empire du Diolof, a emprunté des institutions wolofs d’apres le Pére Gravand. La majorité des noms de la titulature a des origines wolofs (Bour, Diaraf Bou mag, Linguére, etc.). La structure politique du Sine comprend les Lamanes (le chef de la province, à ne pas confondre avec les Lamanes anciens), les héritiers présomptifs comme le Buumi, le Thilas et le Loul, le Grand Farba Kaba (chef de l’armée), le Farba Binda (ministre des Finances) et le Grand Diaraf (conseiller du roi et chef du Conseil des électeurs chargés d’élire les rois).
Symboles
L’hymne du Sine était « Fañ na NGORO Roga deb no kholoum O Fañ-in Fan-Fan ta tathiatia » (nul ne peut rien contre son prochain sans la volonté divine)18. Sa devise était : « Dial – fi – mayou to tiin » (servir et produire avec désintéressement)18. Son drapeau était blanc, en signe de paix18.
Les Dioundioung ou junjung (chantés par plusieurs musiciens comme Yandé Codou ou Youssou Ndour « Dioundioung ya thia Sine « ) sont des tambours liés à l’histoire du royaume sérère. Ils ne résonnent que pour le roi, le Bour Sine. Tous les vendredis, ils se faisaient entendre au petit matin dans la cour royale. C’était pour annoncer la tenue du conseil royal (comme le conseil hebdomadaire des Ministres actuellement). Leur sortie était aussi autorisée lors d’une guerre contre des envahisseurs. Envahisseurs, car le Sine n’a jamais franchi ses frontières pour attaquer un autre royaume. Il a, de tout temps, essayé de son mieux pour entretenir des relations de bon voisinage avec les royaumes frontaliers.
Toutefois, lorsqu’une confrontation avec un envahisseur tirait en longueur, le Bour Sine faisait battre les tambours royaux. Leur battement était synonyme d’appel au ralliement de tous les hommes valides afin que la défaite de l’ennemi soit rapide. Pour rappel, à la bataille de Fandane, lorsque Lat Dior, très au fait de cette réalité, a entendu cette sonorité, il avait conseillé à Maba de battre en retraite. Il était certain qu’après des heures combats, les forces de l’Almamy ne pourraient plus contenir l’affluence qui en suivrait, car les Dioundioung, au-delà de leur aspect mystique, sonnaient la mobilisation de tout ce que le royaume comptait comme hommes valides (Cheikh Diouf, Écrivain).
Liste de souverains
Ils portaient le titre de Maad Siin ou Maad a Sinig
Biram Pate Ñilan Njay (1785 ?)
Latsuk Ñilan Samba Juf
Latsuk Fañam Fay
Bukar Cilas Jajel Juf
Amakodu Samba Juf
Bukar Cilas Sangay Juf
Bukar Cilas a Mbotil Juf
Bukar Cilas Mahe Sum Juf
Mbay Fotlu Jog Juf
Amakodu Mahe Ngom Juf
Latsuk Coro Fata Fay
Njaka Ndofen Ñilan Jogoy Fay (1837 ?)
Amakumba Mboj (183.-1839)
Amajuf Ñilan Fay Juf (1825-1853) (Maad a Sinig Ama Diouf Gnilane Faye Diouf)
Kumba Ndofen Famak Juf (1853-1871) (Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf)
Sanu Mon Fay (1871-1878)
Semu Mak Juf (1878-1881)
Amadi Baro Juf (1881-1884)
Mbake Mak Kodu Njay (1884-1885 : premier règne)
Jaligi Sira Juf (1885-1886)
Mbake Mak Kodu Njay (1886 : deuxième règne)
Ñoxobay Semu Juf (1886-1887)
Mbake Ndeb Njay (1887-1898)
Kumba Ndofen Fandeb Juf (1898-1924) (Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf)
Mahekor Juf (1924-1969) (Maad a Sinig Mahecor Diouf)
Notes et références
(en) Martin A. Klein, Islam and Imperialism in Senegal, Sine-Saloum, 1847–1914, Edinburgh University Press (1968). p 7
Oliver, Roland; Fage, John Donnelly; Sanderson, G. N., The Cambridge History of Africa. Cambridge University Press, 1985. (ISBN 0521228034). p 214
(en) Dawda Faal, Peoples and empires of Senegambia: Senegambia in history, AD 1000-1900, Saul’s Modern Printshop (1991). p 17
Sarr, Alioune, Histoire du Sine-Saloum, Introduction, bibliographie et Notes par Charles Becker, BIFAN, Tome 46, Serie B, n° 3-4, 1986-1987. pp 21-22
Nombreuses variations : Maysa Wali Jon, Maïssa Wali Jon, etc.
Alioune Sarr, Histoire du Sine-Saloum (Sénégal). Introduction, bibliographie et notes par Charles Becker. Version légèrement remaniée par rapport à celle qui est parue en 1986-87. pp 19-22
Ngom, Biram (Babacar Sédikh Diouf) : La question Gelwaar et l’histoire du Siin, Université de Dakar, Dakar, 1987, p. 69
Dioup, Cheikh Anta & Modum, Egbuna P. « Towards the African renaissance: essays in African culture & development », 1946-1960, p28
Research in African literatures, Volume 37. University of Texas at Austin. African and Afro-American Studies and Research Center, University of Texas at Austin. African and Afro-American Studies and Research Center, University of Texas (at Austin) (2006). p 8
West Africa, Issues 3600-3616. West Africa Pub. Co. Ltd., 1986. p 2359
Aussi connu sous le nom de la Bataille de Somb
Diouf, Niokhobaye. « Chronique du royaume du Sine. » Suivie de notes sur les traditions orales et les sources écrites concernant le royaume du Sine par Charles Becker et Victor Martin. (1972). Bulletin de l’Ifan, Tome 34, Série B, n° 4, (1972). pp 727-729
Klein, Martin A. Islam and Imperialism in Senegal, Sine-Saloum, 1847–1914, Edinburgh University Press (1968). p XV
Teixeira da Mota (1946: Pt. 1, p.58). Pour une description détaillée du xvie siècle portugais du Royaume du Sine, voir Almada(1594: Ch.2)
Boulègue, Jean. Le Grand Jolof, (XVIIIe – XVIe Siècle). (Paris, Edition Façades), Karthala (1987), p 16
Sarr, pp 21-30
Klein, Martin A. Islam and Imperialism in Senegal, Sine-Saloum, 1847–1914, Edinburgh University Press (1968). p 12
Diouf, Mahawa. Ethiopiques n°54. Revue semestrielle de culture négro-Africaine. Nouvelle série volume 7. 2e semestre 199.




