Les tirailleurs des spahis

Les tirailleurs des spahis

Il faut distinguer les tirailleurs des spahis. Leurs histoires sont très différentes et nullement liées. Les spahis répondent à certaines traditions de l’Armée française dont l’origine se trouve d’une part à la conquête de l’Égypte pendant la révolution où Napoléon épouse certaines méthodes des mameluks et ensuite entame la conquête de l’Algérie.
La tenue des spahis et leur histoire marquent précisément la garde rouge et le livre de Pierre Rosière : ‘’Des spahis sénégalais à la garde rouge’’ Éditions du Centre,Dakar 2005 évoque et retrace bien la séquence.
Les tirailleurs sont un autre corps de l’armée française et la polémique Cheikh Oumar Diagne donne l’occasion de cerner le phénomène avec lucidité et réalisme.
C’est le général Faidherbe qui a deux types de troupes pour conquérir le Sénégal (infanterie coloniale dont il est membre avec Pinet Laprade et Canard Valère) et spahis qui viennent d’Algérie qui crée le corps des tirailleurs sénégalais.
Ce corps est créé et recruté à partir de 1857 parmi des volontaires, des esclaves, des prisonniers et autres pour constituer une force supplétive à la disposition des autorités coloniales et permettre ainsi à la France de mener ses ambitions et conquérir des territoires.
Cette force encadrée par des officiers français et des spahis va conquérir le Sénégal en domptant la plupart des rebellions et en consolidant les conquêtes territoriales.
Telle est sa première vocation et sous ce chapitre Cheikh Oumar Diagne n’a pas totalement tort. Les RTS sont des régiments d’appui du pouvoir colonial. Cette phase va durer jusqu’à la veille de la première guerre mondiale.
Ensuite vient une deuxième phase de l’évolution des tirailleurs où cette force noire est impliquée dans les deux guerres mondiales.
Avec l’aide de Blaise Diagne, la France recrute plus de 300.000 hommes dans les colonies pour les faire participer à la guerre.
Autant il y a des tirailleurs sénégalais (nom générique) pour tous les Noirs autant il y a des tirailleurs algériens, marocains tunisiens et autres.
C’est une armée indigène qui sous forme de volontariat et parfois de force participe à la guerre.
Les tirailleurs vont s’illustrer aussi bien sur le front qu’en Grèce eten Lybie lors des deux guerres.
La France libre de Brazzaville s’appuiera sur cette force.
Cette force noire principale composante de la première armée française de De Lattre de Tassigny débarquera à Provence et libéra le Sud et le centre de la France.
Convaincue de la victoire et du succès des débarquements,De Gaulle ‘’reblanchira’’ l’armée française et va rapatrier la force supplétive avec un calcul froid et méchant qui aboutira à Thiaroye 44.
La troisième phase est la période après la guerre où la France reprendra ses méthodes coloniales avec l’emploi des tirailleurs à Madagascar par une répression sanglante contre toute contestation des populations, puis en Indochine et en Algérie.
Voilà la vérité historique avec les trois phases de l’emploi des tirailleurs.
Il reste à signaler que la deuxième phase donc l’emploi du Régiment des Tirailleurs Sénégalais (RTS) en Europe a beaucoup contribué dans l’émancipation des peuples colonisés.
Les tirailleurs qui se sont illustrés sur les champs de bataille ont démythifié les Blancs et vont réclamer des droits à la dimension de leur courage, de leur engagement et de leur sacrifice.

 

Liste des principaux événements avec les Spahis de 1843 à 1928

Ci-dessus l’histoire des Spahis dont le corps a été créé avant celui des Tirailleurs.
Je parle sous le contrôle de Babacar Mbaye Ndaak ci dessous l’histoire des Spahis qui n’ont rien à rien voir avec les Tirailleurs.

Date et Événement
26 janvier 1843 Embarquement à Alger à destination du Sénégal du peloton de Spahis du Lieutenant Petit.
4 août 1843 Combat de Cascas.
21 juillet 1845 Ordonnance royale décidant la formation du 6e escadron du 1er régiment de Spahis algériens.
11 février 1847 Rassemblement de cet escadron à Alger, mis à la disposition du Ministère de la Marine et des colonies, les cavaliers ayant été tirés du 1er régiment de Spahis d’Alger et du 1er régiment de chasseur d’Afrique. Par la suite, ils seront couramment surnommés « Spahis sénégalais » au fur et à mesure du remplacement des éléments algériens par des sénégalais.
1853 Expédition de Bissagos.
1854 Combats de Dialmath.
Février 1855 Charge de N’Der des Spahis du Capitaine Bilhau. / Combats de Diobouldou.
1856 Combats de Langobé.
1857 2e colonne du Lac Cayar avec le Sous-Lieutenant Alioune Sall à l’avant-garde.
Mars 1858 Colonne de Niomré – Bivouac de Mbirama où l’escadron de Spahis fut assailli violemment.
Mars 1860 Combat de Thiong. / Combat de Guemom. / Combat de Casamance. / Combat de Diati.
Mai 1861 Charge de Kouré.
Février-Mars 1862 Tournée de Police avec le Capitaine de Negroni et des chalands.
29 juillet 1862 Bataille de Mbirboyan.
Décembre 1863 Combat de Ngolgol.
Janvier 1864 Combat de Loro.
Janvier 1865 Combat de Coki.
30 novembre 1865 Combat de Paos koto.
Juillet 1869 Bataille de Mekhey. / Bataille de Palel.
1872 Bataille de Coki.
Février 1875 Charge de Samba Sodio dans le Cayor.
1878 Sabouciré.
1881 Ndirboyon.
6 octobre 1886 Combat du Sous-Lieutenant Chauvet et de Samba-Laobé à Tivaouane.
27 octobre 1886 Combat du Capitaine Vallois et de Lat Dior aux Puits de Dekelé.
1886-1887 Colonne de Gallieni vers le Soudan.
1890 Randonnée du Djolof.
26 décembre 1891 Création du « 1er escadron de spahis soudanais »
1892 Campagne du Dahomey.
1891-1892 1re campagne contre Samory (combats de Sambi-Ko, Diaman-Ko, Farandougou et Bécéko).
1892-1893 2e campagne contre Samory.
1893-1894 Colonne du Colonel Bonnier sur Ténétou.
1894-1897 Opérations dans la boucle du Niger.
19 juin 1897 Combat de Serery (prise de Tombouctou).
1897 Colonne de Kong / Opérations dans le Gouronnsi.
1898 Colonne de Sikasso.
11 août 1901 Combat de Bir Alali.
15 août 1902 L’escadron de Spahis soudanais prend le nom de « 2e escadron de spahis sénégalais ».
1904 Combat de Bayoukrou.
1912-1919 Campagne du Maroc.
1914-1915 Campagne du Cameroun.
1er juillet 1922 Retrait des Spahis sénégalais du Maroc.
1er janvier 1928 Les Spahis sénégalais sont intégrés à la Gendarmerie et forment la « Garde coloniale ».

COLONEL ABDOULAYE AZIZ NDAO
OFFICIER DE GENDARMERIE A LA RETRAITE

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