Le royaume du Saloum (variantes : Saalum ou Saluum en langue sérère) est un ancien royaume Sérère de l’ouest du Sénégal, renommé Saloum par le Sérère-Guelwar Maad Saloum Mbegan Ndour (roi du Saloum) entre le milieu et la fin du xve siècle (1494). L’ancienne capitale du Saloum est la ville de Kahone. Avant cela, le royaume était connu sous le nom de Mbey (en sérère). Le Saloum est un royaume frère du Royaume du Sine ; ils sont tous les deux habités par le peuple sérère. Leur histoire, leur géographie et leur culture étant étroitement liées, il est courant de se référer à eux comme le Sine-Saloum.
Histoire
Le royaume du Saloum, tout comme le Royaume du Sine, est connu pour ses nombreux tumuli contenant les tombes des rois et nobles. Le royaume possède de nombreux cercles de pierres mystérieuses dont les fonctions et l’histoire étaient inconnues jusqu’à tout récemment.
Le Royaume du Saloum était précédemment connu sous le nom de Mbey (en sérère). Il aurait été rebaptisé Saloum par le Maad Saloum Mbegan Ndour dans la seconde moitié du xve siècle (c. 1494). Selon la tradition orale sérère, ce nom lui aurait été donné d’après Saalum Suwareh, un marabout de Mbegan Ndour.
Le récit traditionnel raconte que Saalum Suwareh a offert un fétiche juju à Mbegan Ndour afin de vaincre le conquérant Toucouleur et ses marabouts musulmans, à condition qu’il promette de renommer le pays d’après lui une fois la victoire acquise. Mbegan Ndour aurait alors accepté le marché et après ce contrat oral, Mbegan Ndour a battu Ali Elibana Sall et a règné sur le pays.
Le consensus parmi les historiens est qu’il y eut probablement une invasion du Saloum par le Royaume du Sine. L’hypothèse précédente qui donnait Saalum Suwareh comme un ancien roi du Saloum qui a donné son nom au pays a été écartée. Au lieu de cela, le consensus s’accorde à faire de Saalum Suwareh un marabout installé en Gambie, où la plupart de ses descendants se trouvent. Mbegan fut aidé par Wali Mbéru Mbacké Ndao originaire de Youndoume dans le Boundou. Pour le remercier, Mbegan lui offre la province du Ndoucoumane.
Comme le Royaume du Sine, la population du Saloum est essentiellement d’origine sérère. Les deux sont généralement appelés les royaumes sérères. De nombreuses parties de l’actuelle Gambie étaient d’anciens territoires du Royaume du Saloum. À l’origine, le royaume s’étendait du sud du fleuve Saloum au nord du fleuve Gambie. Aujourd’hui les anciens territoires du Saloum situés en Gambie sont appelés Bas Saloum. Le Haut Saloum correspond aux territoires du Saloum situés au Sénégal. Le Saloum a également contrôlé pendant un certain temps le Royaume de Baol.
Les États de Sabakh et Sandial étaient gouvernés respectivement par le Fara Sabakh et le Fara Sandial ; ils étaient tributaires du roi, le Maad Saloum6. Autour de 1862, Sambou Oumanneh Touré, un disciple de Maba Diakhou Bâ a lancé un djihad dans le Sabakh et le Sandial. Après avoir battu le Fara Sabakh et le Fara Sandial, il a joint les deux provinces, (d’où : Sabakh-Sandial)6. Les tout derniers Fara Sabakh et Fara Sandial sont morts dans ce djihad.
Selon la tradition, du XVè siècle à 1969, près de 50 rois issus des lignées royales patrilinéaires Sérères et de la lignée royale matrilinéaire Guelwar, ont été intronisés8,3. Les rois ont continué à tenir leur tribunal à Kahone, mais la ville fut éclipsé par le comptoir voisin de Kaolack.
Les explorateurs portugais au xve siècle, ont appelé le Saloum « royaume du Borçalo », d’après « Bor-ba-Saloum » (la corruption en wolof le roi du Saloum – Maad Saloum)
Auparavant vassal du Djolof, le Saloum était divisé en plusieurs provinces, chacune dirigée par de grandes familles nobles venant de tout le Sénégal. Le Ndoukoumane, le Koular, le Ngaye-signy, le Djonik ou Djilor, le Kayemor, le Log, Kahone, le Gandiaye et le Badibou, ancien nom du Rip, étaient les principales provinces, toutes avec leurs particularités en termes d’ethnies et de ressources.
Sur le plan ethnique, le Saloum a toujours été habité par des Sérères, mais peu à peu des migrants wolofs se sont installés ainsi que des Peuls, des Mandingues, etc.. Contrairement au Royaume du Sine qui est ethniquement Sérère et profondément enraciné dans un « conservatisme sérère », tel que la préservation de la religion sérère, la culture sérère, les traditions sérère, etc., le Saloum est plus cosmopolite. La langue sérère et le wolof sont l’une et l’autre largement parlées dans le Saloum. Les langues cangin sont également parlées.
Organisation sociale
Chez le roi du Saloum (1821)
Les rois du Saloum portent le titre de Maad Saloum (du sérère Maad ou Mad, « roi ») mais le nom Bour Saloum (du wolof Bour, bur ou buur, « roi ») reste la dénomination traditionnelle, bien que les Sérères conservateurs utilisent le premier titre.
Au Saloum la noblesse est divisée en plusieurs sections. Les rois ou Maad Saloum sont au sommet, puis viennent les grands Diaraf, le Farba Kaba, chef des armées, etc.
Le Saloum connaît une grande diversité de paysages, savanes et forêts claires au nord et au centre, paysages de savanes sèches similaires à la steppe au nord-est, mangroves et forêts plus denses le long du fleuve Saloum qui traverse la région, ainsi que du littoral de l’océan Atlantique. L’agriculture, l’élevage, la pêche, le commerce de différents produits fournissent la richesse du Saloum12. Des comptoirs commerciaux européens s’installent au Saloum à partir du xviiie siècle.
Rois du Saloum
La liste ci-dessous comporte, outre le patronyme de chaque roi du Saloum, la durée et la date de début de son règne.
Mbégan Ndour (20 ans, 1493-) (aussi : Maad Saloum Mbegan Ndour)
Guiranokhap Ndong (7 ans, 1513-)
Latmingué Diélèn Ndiaye (23 ans, 1520-)
Samba Lambour Ndiaye (4 ans, 1543-)
Séni Ndiémé Diélèn Ndiaye (3 ans, 1547-)
Lathilor Badiane (9 ans, 1550-)
Walboumy Diélèn Ndiaye (8 ans, 1559-)
Maad Saloum Maléotane Diouf (45 ans, 1567-)
Sambaré Diop (2 ans, 1612-)
Biram Ndiémé Koumba Ndiaye (23 ans, 1614-)
Ndéné Ndiaye Marone Ndao (2 ans, 1637-)
Mbagne Diémel Ndiaye (6 ans, 1639-)
Waldiodio Ndiaye (9 ans, 1645-)
Amakodou Ndiaye (35 ans, 1654-)
Amafal Fall (6 mois, 1689-)
Amadiouf Diouf (6 ans, 1690-)
Sengane Kéwé Ndiaye (30 ans, 1696-)
Lathilor Ndong (4 ans, 1726-)
Amasiga Seck Ndiaye (2 ans, 1730-)
Biram Khourédia Tièk Ndao (2 ans, 1732-)
Ndéné Ndiaye Bigué Ndao (19 ans, 1734-)
Mbagne Diop (7 ans, 1753-)
Mbagne Diogop Ndiaye Mbodj (7 ans, 1760-)
Sandéné Kodou Bigué Ndao (2 ans, 1767-)
Sengane Diogop Mbodj (7 ans, 1769-)
Ndéné Diogop Mbodj (2 ans, 1776-)
Sengane Dégèn Ndiaye (6 mois 10 jours, 1778-)
Sandéné Kodou Fall Ndao (9 ans, 1778-)
Biram Ndiémé Niakhana Ndiaye (16 ans, 1787-)
Makoumba Diogop Mbodj (7 ans, 1803-)
Ndéné Niakhana Ndiaye (7 ans, 1810-)
Biram Khourédia Mbodj Ndiaye (6 ans, 1817-)
Ndéné Mbarou Ndiaye (1 mois, 1823-)
Balé Ndoungou Khourédia Ndao (28 ans, 1823-) (Maad Saloum Ballé N’Gougou N’Dao)
Bala Adama Ndiaye (3 ans, 1851-)
Socé Bigué Ndiaye (16 jours, 1854-)
Koumba Ndama Mbodj (4 ans, 1855-) (Maad Saloum Coumba N’Dama Mbodj)
Maad Saloum Samba Laobé Latsouka Fall (5 ans, 1859-)
Fakha Fall (7 ans, 1864-)
Niawout Mbodj (5 ans, 1871-)
Sadiouka Mbodj (3 ans, 1876-)
Maad Saloum Guédel Mbodj (17 ans, 1879-)
Maad Saloum Sémou Djimit Diouf (3 ans, 1896-)
Ndiémé Ndiénoum Ndao (3 ans, 1899-)
Ndéné Diogop Diouf (1 an, 1902-)
Sémou Ngouye Diouf (10 ans, 1903-)
Gori Tioro Diouf (6 ans, 1913-)
Mahawa Sémou Diouf (16 ans, 1919-)
Maad Saloum Fodé N’Gouye Diouf (34 ans, 1935-1969)




